Berlin, février 1829. La presse écrit : "Un événement important et heureux est sur le point d’arriver pour le monde musical […] Cent ans plus tard, ce que l’art musical a produit de plus grand et de plus sacré ressuscite, et comme le premier lever de soleil après les brumes du déluge, annonce un jour nouveau, plus rayonnant".

Un mois plus tard, le 11 mars 1829, dans la salle de la Sing-Akademie, retentit une œuvre qui n'avait plus été jouée depuis la mort de l'auteur : la « Passion selon Saint Matthieu » de Johann Sebastian Bach. Sur scène, le chœur de l'académie, le double orchestre et les meilleurs solistes dirigés du clavier par un jeune homme de vingt ans… Felix Mendelssohn Bartholdy. La salle est bondée, la famille royale, la Cour et tout le monde intellectuel et artistique de Berlin sont présents.

Si Mozart et Beethoven admiraient les œuvres orchestrales et pour clavier de Jean-Sébastien Bach, il faudra donc attendre ce début du XIXe siècle pour que Félix Mendelssohn découvre toute la musique de Bach, notamment les œuvres vocales, à Leipzig, et entreprenne un long processus de recherche et de retranscription, donnant à ce génie de la musique occidentale toute la place qui lui revient.

La découverte de cette œuvre gigantesque a un impact énorme sur l'écriture chorale de Mendelssohn. Ses cantates, motets et oratorios s'inspirent tous de l'univers de Bach en termes de forme, de structure et de connexion entre texte et musique.

Un autre grand compositeur allemand, Johannes Brahms, reste attaché tout au long de sa vie à la musique de Bach qui nourrit son œuvre instrumentale et vocale. Il participe à la première édition monumentale de ses œuvres et transcrit également la « Chaconne pour violon seul » au piano (main gauche) en 1877.

Avec ce programme « Comme Bach », Joël Suhubiette a imaginé un programme qui mette en miroir les musiques de Bach, Mendelssohn et Brahms. Les œuvres s’y mélangent sans chronologie offrant à l’auditeur une expérience musicale particulière et intemporelle. Au milieu des motets, chorals, extraits de cantates de Bach se glissent des compositions de Mendelssohn et Brahms, a capella ou encore avec basse continue, images d’une modernité allant puiser ses sources et son inspiration dans l’œuvre du cantor de Leipzig.