Liens de partage

Silence and Music

Autour du monde en polyphonie

A cappella

17 chanteurs a cappella

1h

Direction Joël Suhubiette
Choeur de chambre Les Éléments

Joël Suhubiette et les Éléments nous invitent à un voyage autour des continents. En vietnamien, brésilien, polonais, grec, espagnol, anglais, occitan, suédois, japonais… l’ensemble interprète des œuvres a cappella écrites de la moitié du XXème siècle à aujourd’hui. Pour la plupart d’entre elles, les compositeurs et compositrices ont puisé l’inspiration dans leurs propres racines et culture, sublimant les beautés de la nature, rendant hommage aux traditions ou parfois à la spiritualité de leurs pays.

Touche finale du voyage, une œuvre en création mondiale commandée par les Éléments à la compositrice Odawa (Canada) Barbara Assiginaak dont les œuvres sont jouées partout au Canada, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Europe et en Extrême-Orient. Barbara Assiginaak signe pour les Éléments une pièce chantée en langue autochtone Anishinaabe célébrant la puissance et la force de la nature.

"C'est le poème d’Ursula Wood Silence and music, mis en musique par son époux Ralph Vaughan  Williams, qui donne son nom à ce nouveau  programme. Il évoque un silence originel, les sons, les vents, la mer, les oiseaux puis la main de l'homme par laquelle la musique s'éveille du silence où elle dormait. Pour moi, tout l’esprit du programme se retrouve dans ce poème."

 

Joël Suhubiette

Programme

Compositeurs

Oeuvres

Compositeurs

Barbara Assiginaak Portrait
Barbara Assiginaak
Barbara Assiginaak Assiginaak Compositrice et musicienne anishinaabekwe

Barbara Assiginaak est une compositrice et musicienne anishinaabekwe (d’origine odawa, ojibwée et potawatomi ; Mnidoo Mnissing, Giniw Dodem) qui partage son temps entre la composition, la scène et l’enseignement. 
Habituée des cérémonies traditionnelles aux côtés des personnes aînées des Premières Nations, elle participe également aux activités écologiques liées à l’exploitation de la terre. Ses méthodes d’ensei-gnement sont enracinées dans les enseignements traditionnels anishinaabeg. Depuis son plus jeune âge, elle compose de la musique pour le pipigwan (flûte traditionnelle en bois), le dewe’igan (tambour) et la voix dans le respect des traditions orales et sonores des Anishinaabeg. 
De formation classique, Barbara Assiginaak est diplomée de l’Université de Toronto, de la  Musikhochschule de Munich (Allemagne), du Centre Acanthes (France), et détient un diplôme ARCT en  interprétation au piano. Depuis ses débuts en 1995, Barbara Assiginaak est l’auteure de nombreuses œuvres pour chœur, voix, ensemble de musique de chambre et orchestres. Elle écrit pour le théâtre, la danse, le cinéma, l’opéra, le multimédia et des projets interdisciplinaires. Elle interprète régulièrement ses œuvres en solo (voix, pipigwan, percussions et autres instruments anishinaabe).
En tant que descendante directe des chefs  héréditaires qui ont signé des traités en Ontario et fille et petite-fille de survivants des pensionnats autochtones, Barbara Assiginaak s’est nourrie de ces histoires pour alimenter son travail. Elle a  participé activement aux activités de la Commission de vérité et réconciliation. Déjà, dès 1992, elle s’est imprégnée des souvenirs de pensionnat que sa mère lui contait dans son enfance pour com-poser une œuvre pour ensemble de musique de chambre. Elle a composé la musique de scène et le thème musical des cérémonies d’ouverture des Jeux  autochtones de l’Amérique du Nord 2002 à Winnipeg. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix Glenn Gould en composition de l’Université de Toronto.  On a pu entendre des retransmissions de ses œuvres sur un grand nombre de radios d’Amérique du Nord et d’Europe.
Barbara est actuellement professeure et coordonnatrice en composition à la Faculté de musique de l’Université Wilfrid-Laurier de Waterloo (Canada).

Pascal Caumont Compositeur de Montségur 1944

Compositeur, chanteur et collecteur, il s’est immergé et spécialisé dans le chant polyphonique, collectant des répertoires et des styles, étudiant les techniques de chant traditionnel en Europe du Sud, principalement dans les Pyrénées et en Italie, Sardaigne, Grèce, Espagne, Portugal.

Issu d’une vaste famille de musiciens populaires qui l'a initié aux musiques d’Espagne et d’Occitanie pendant son adolescence, il s’est ensuite formé à la composition au Conservatoire de Toulouse en suivant les cours de Bertrand Dubedout et de Didier Denis. Puis il a été marqué par deux rencontres, celle avec Paul Mefano qui l’encouragea à exprimer son univers et surtout celle avec Toru Takemitsu et ses conceptions des sons d’Orient et d’Occident.
Sa musique, inspirée par la vivacité du timbre des traditions vivantes, recherche l’alliage spectral des voix et la plasticité, ainsi que l’expression de paroles de liberté, de cultures du partage.

Fondateur de l’ensemble vocal Vox Bigerri avec lequel il crée de nombreux projets, il met en perspective les répertoires de transmission orale et ceux de création contemporaine.  

Titulaire du Certificat d’Aptitude à l’enseignement des musiques traditionnelles, il est professeur au Conservatoire de Toulouse où il pilote le département des musiques traditionnelles, et il est aussi chargé de cours à l'Université Toulouse Jean Jaurès et directeur artistique du Festival international de polyphonies Tarba en Canta, qui rassemble depuis 2011 un grand public autour du chant polyphonique.

Karin Rehnqvist
Karin Rehnqvist compositrice

KARIN REHNQVIST (née en 1957) est l'une des compositrices les plus connues et les plus jouées de Suède. De la musique de chambre aux œuvres orchestrales, scéniques et vocales, elle a tracé une voie unique à travers les genres, explorant la frontière entre l'art et la musique folklorique, et développant un style de composition et d'interprétation très particulier.

L'un de ses motifs caractéristiques est la technique vocale extraordinaire du Kulning, l'ancien chant des bergères nordiques pour rassembler leurs troupeaux.

Innovatrice infatigable, son répertoire se caractérise par une invention sans compromis, une puissance émotionnelle brute et le choc glacial de la nouveauté

 

Tôn-Thât Tiêt compositeur

Né à Huê en 1933 où il fait ses études et enseigne la musique, Tôn-Thât Tiêt se rend en France pour approfondir les domaines de l’écriture musicale que sont l’harmonie, le contrepoint, la fugue et la composition qu’il travaille avec Jean Rivier puis André Jolivet au Conservatoire de Paris. Il y découvre les techniques sérielles, mais dès 1966, une autre orientation se profile.
Tôn-Thât Tiet dit de Jolivet : « … il n’a jamais cherché à m’orienter vers un style quelconque, nos rapports étaient d’ordre spirituel. Sans le savoir, il m’a aidé à approfondir l’idée que Jean Rivier m’avait donnée auparavant : retourner à l’Orient pour chercher mon style. Rivier m’a guidé dans le choix du langage, de la forme tandis que Jolivet m’a suggéré de considérer la musique comme un moyen d’expression et non comme une fin en soi.»
Aujourd’hui, la musique de Tôn-Thât Tiêt se caractérise par cette double appartenance dont la synthèse constitue le langage : idée et inspiration fondamentalement orientales et moyen d’expression occidental. On peut citer parmi ses oeuvres Kiêm ai (Amour universel) (1978) pour choeur et orchestre, Ngu hành, Jeu des cinq éléments (Métal-Bois-Eau-Feu-Terre, 1982-90), ou Prajnã Paramita (dogme bouddhiste), pour six voix et ensemble instrumental (1988) et le cycle des Chu Ky (1976-86).
Tôn-Thât Tiêt a également écrit la musique des trois films du réalisateur vietnamien Trân Anh-Hung : l’Odeur de la papaye verte (1993), Cyclo (1995) et A la verticale de l’été (1999).

Lucie Kayas (source : www.musicatreize.org)

Questions à Barbara Assiginaak à propos de la musique vocale et de son oeuvre «Giiwedin»

Comment avez-vous abordé cette nouvelle  composition ?


Comme pour d’autres œuvres, j’ai écrit un texte  original en anishinaabemowin, avec des indications de prononciation pour les chanteurs. C’est une langue onomatopéique et expressive, étroitement liée aux sons naturels. J’aime explorer toutes les possibilités vocales, même expérimentales, pour ressentir notre lien avec la nature. Le thème de l’hiver, qui m’a été  proposé, m’est cher : je travaille depuis plus de vingt ans en éducation environnementale en plein air. N’ayant pas grandi dans une ville, les êtres non- humains qui m’entouraient m’ont tant appris. Dans le contexte actuel de changements climatiques, le  «temps de l’hiver»  prend une signification encore plus forte pour les peuples autochtones comme pour le monde entier.


Quelle est votre relation à la musique vocale,  notamment chorale ?


L’anishinaabemowin est la première langue que j’ai entendue dans les berceuses chantées par ma mère en odawa ; langue qu’elle a gardée pour elle-même au pensionnat, loin de sa réserve natale. Ce lien avec la voix maternelle et sa langue natale est profondément ancré dans ma musique, y compris chorale. 
Depuis des décennies, des aînés m’ont demandé de participer à la préservation des hymnes Anishinaabe, riches en significations codées syncrétiques. Il faut se souvenir que de nombreux enfants autochtones ont été punis pour avoir chanté ou parlé leur langue. Je respecte les esthétiques diverses du chant de groupe. Le chant choral occidental vise à «mélanger» les voix mais, dans d’autres traditions, la cohabitation de voix distinctes au sein du groupe peut s’avérer intensément expressive. Les respirations, les arrêts glottaux, les voyelles nasalisées ou syncopées font partie intégrante des langues indigènes. Les voix  stridentes entendues dans les pow-wows m’ont aussi profondément marquée : elles expriment ce qui vient de la terre et des êtres non-humains. Les langues  humaines proviennent de la terre, des eaux et des cieux, influencées par les vents, les oiseaux et les créatures qui nous ont appris à chanter et à  survivre.


Pourriez-vous nous parler de votre œuvre Giiwedin ?


Les sons du vent du nord (Giiwedin) sont si différents des autres vents. Les vents froids qui viennent du nord sont puissants et ont leur propre guérison et leurs propres messages à apporter. Les vents sont des êtres, avec leurs propres sons et caractères sonores. Outre mon propre texte et ma chanson en anishinaa-bemowin, je m'inspire également de l'ensemble des sons vocaux et corporels que les humains peuvent produire et qui nous rappellent nos liens et nos inter-connexions avec les êtres non-humains, y compris les vents et les autres éléments. Ils nous rappellent également notre humilité et la puissance de la nature, et nous invitent à prendre soin de Shkagmikwe (notre mère la Terre) qui soutient tous les êtres vivants ici.