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Sérénade d’hiver

Musiques pour un temps de Noël

A cappella

16 chanteurs

1h15

Direction Joël Suhubiette
Chœur de chambre Les Éléments

A propos du programme Sérénade d'hiver

Le Chœur de chambre Les éléments nous invite à un voyage musical mêlant chansons et poèmes célébrant l’hiver, ainsi que polyphonies sacrées de circonstance. Il y est question de nativité, mais aussi du froid et des paysages blancs. On grelotte, puis on se réchauffe au coin du feu ; on s’aime, on trinque et l’on chante… Venez savourer cette veillée d’hiver, où Joël Suhubiette et les chanteurs du chœur toulousain interprètent des musiques françaises du Moyen Âge à nos jours.

Note d’intention

"Sérénade d’hiver" nous plonge dans les musiques françaises, sacrées et profanes, choisies pour le temps de Noël. Les éléments nous font voyager, du Moyen Âge à nos jours, à travers des oeuvres du répertoire et des chants traditionnels, a cappella, arrangés spécifiquement pour les seize chanteurs du choeur de chambre.

Poulenc, Debussy, Saint-Saëns, Du Caurroy, Busnois côtoient ainsi un Noël basque, poitevin ou encore provençal dont les airs familiers sont une invitation au partage. Les compositeurs d’aujourd’hui, quant à eux, ont été sollicités pour un éclairage nouveau. Claire-Mélanie Sinnhuber prend appui sur un poème basque pour proposer une pièce toute en sensations (mouvement, chaud, froid…). Patrick Burgan convoque la poésie en cinq langues différentes pour aborder le thème de la Nativité. Joan Magrané Figuera s’inspire d’un motet de Noël de Tomás Luis de Victoria pour nous en proposer une nouvelle lecture.

Pensé comme une veillée d’hiver au coin du feu, ce programme est l’occasion idéale d’inviter d’autres chœurs à se joindre à nous. Il est donc possible d’imaginer des parcours pédagogiques avec des chœurs scolaires, amateurs et de Conservatoire pour qu’ils se joignent aux chanteurs pour certaines pièces et qu’ils puissent s’ils le souhaitent proposer une première partie de concert.

Joël Suhubiette

Programme

Compositeurs

Oeuvres

* Commande du Chœur de chambre Les éléments
** Arrangements Pierre Jeannot

Mirare

Sérénade d’hiver

Les Éléments - Joël Suhubiette

Les Éléments vous invitent à une veillée d’hiver, un voyage musical du Moyen Âge à aujourd’hui où chansons et poèmes célèbrent l’hiver, ses fêtes et ses froidures, dans l’intimité du chœur a cappella. 
Les grands compositeurs du répertoire côtoient de nouvelles compositions, des arrangements de chants traditionnels de Noël des provinces de France spécialement commandés pour ce programme.
A déguster au coin du feu !

Préface disque

Longtemps, la diffusion en France des noëls chantés en langue vernaculaire n’indiquait que le texte qui devait être placé sur des airs profanes (et parfois lestes) bien connus, selon le principe de la parodie ou de la contrafacture. Ainsi, les paroles de Disons Nau à pleine teste (1582), l’une des pièces retenues pour ce programme, se calent-elles sur la musique d’Il est jour dist l’alouette (1528), de Claudin de Sermisy. Par la suite, et jusqu’à nos jours (ainsi qu’en témoignent les divers arrangements de Pierre Jeannot pour ce programme), la musique des noëls va être collectée, composée, adaptée, variée – et publiée – pour les voix, les instruments ou l’orgue. Fête de la lumière à l’orée du solstice d’hiver, le temps de Noël est celui où les anges annoncent en musique le « Dieu naissant ». Mais cette joie est souvent tempérée par une mélancolie qui, en certains cas, touche à l’angoisse.

Elle affecte l’ensemble des pièces anciennes et/ou populaires de ce disque, comme Or nous dîtes Marie, publiée par l’éditeur Ballard dans son recueil Chants des Noëls anciens et nouveaux (1703), ou Esprits divins, chantons dans la nuit sainte, contrafacture de la mise en musique par Claude Goudimel du psaume huguenot (137) Estans assis aux rives aquatiques (1568), « mis en rime française » par Clément Marot. C’est aussi l’humeur de l’Ave Virgo Gloriosa d’Eustache du Caurroy et de Noël Nouvelet, accompagnés par des battements de tambour, prescrits par Pierre Jeannot, qui sonnent comme ceux d’un cœur inquiet.

Les deux pièces « jumelles » d’Antoine Busnois et Antoine Brumel demeurent dans la même couleur, relevée par la scansion du mot « noe » (on dit alors « Noüel », « Nau » ou « Noe »), chez le second, qui prend presque l’allure d’une transe. Même cas de figure pour le noël basque traditionnel Birjina gaztetto bat zegoen, ou pour le noël provençal La Cambo me fai mau, de Nicolas Saboly, l’un des plus importants collecteurs, auteurs (en langue d’oc) et compositeurs de noëls, dont les publications (1668 à 1674) ont été sans cesse rééditées.

Cette sourde angoisse se retrouve jusque dans les trois premiers des Quatre motets pour le temps de Noël (1951-1952), de Francis Poulenc, qui préfigurent le ton de son opéra Dialogues des Carmélites (1953-1956) : on croirait entendre, dans « O magnum Mysterium » (n°1), la douceur maternelle et presque campagnarde de la Seconde Prieure. Les brisures haletantes des phrases du n°2, « Quem vidistis pastores dicite », soulignent le questionnement du texte. L’évocation de la voûte céleste, dans « Videntes stellam » (n°3), radieuse mais inquiète (quelques morsures harmoniques), se fait d’abord sans basse comme il sied à un chorus angelorum et il faut attendre le n°4, « Hodie Christus natus est », pour que les rythmes pointés et glorificateurs de cette marche de bergers se fassent entendre.
Un soir de neige, sur des poèmes de Paul Eluard, fut écrite par Poulenc entre le 24 et le 26 décembre 1944 dans sa maison de Noizay, en Touraine. L’esprit d’une « veillée d’hiver au coin du feu » voulu par Joël Suhubiette prend ici un tour plus sombre, que dénotent la riche harmonie douce-amère et les enchaînements hardis si typiques de Poulenc ainsi que le halo de mystère dont s’entoure cette petite cantate de guerre douloureusement repliée sur elle-même.
Huit ans plus tôt, Poulenc livrait son premier véritable opus choral, les Sept chansons pour chœur a cappella (1936). On pourrait voir dans le texte – signé Guillaume Apollinaire, autre poète favori de Poulenc – de « La blanche neige », qui ouvre le cycle, la fantaisie poétique d’un poème noëlique : la neige, les anges, les oies que l’on plume pour le dîner.

Patrick Burgan a expliqué, à propos de ses Chants de neige (2020) : « Comme toujours quand il s’agit d’une commande, j’ai tenté d’appliquer à la lettre le cahier des charges : la neige, l’hiver, le froid, le coin du feu, Noël, 16 voix, 4 mn. max. » Ainsi qu’il l’avait fait pour Nativités (2005), autre pièce a cappella parmi les nombreuses commandées par Les éléments, le compositeur a choisi des textes du XVIe au XXe siècles en anglais, allemand, espagnol, italien et français, signés de Robert Southwell, Friedrich Hölderlin, Juan Ramón Jiménez, Giosuè Carducci et Théophile Gautier. 
Le chant se fait d’abord expressionniste, mêlé aux cris et à la déclamation d’un ténor « de manière échevelée et littéralement shakespearienne » (n°1) ; le n°2 semble recréer « le vieux parfum vaporisé » (Albert Giraud) d’un chœur d’Arnold Schönberg ; un chant monodique, exposé aux voix féminines puis masculines, s’élargit polyphoniquement (n°3) ; le mélange de parlé rythmique et de chanté s’apaise dans le n°4 ; le n°5 fait retentir un carillon vibrionnant, où se glisse le parlé et s’exposent les suraigüs du premier soprano.

En 2007, Les éléments avaient créé I had a dream, de Zad Moultaka – autre compositeur contemporain d’élection du groupe –, fondé sur une « couture » du célèbre plaidoyer de Martin Luther King et de témoignages de rescapés de l’ouragan meurtrier Katrina en 2005. Flamma (2021), inspirée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, procède d’une manière connexe, en s’appuyant sur le Beata Viscera Mariae Virginis (« Heureuses les entrailles de la Vierge Marie qui ont porté le Fils du Père éternel »), de Pérotin le Grand (1160-1230), et sur Notre-Dame de Paris (1832), où Victor Hugo fait la description imaginaire mais frappante de réalisme de la cathédrale en feu. Le texte hugolien fait office de témoin haletant, à la manière d’un évangéliste polyphonique, tandis que l’hymne de Pérotin, entonné par le contreténor soliste, paraît incarner la permanence de l’édifice et de sa légende dans les siècles des siècles.

La composition de Camille Saint-Saëns qui donne son titre à ce programme semble autant redevable à la chanson polyphonique française de la Renaissance qu’au Lied romantique allemand pour ensemble vocal – dans les deux cas une musique d’entre-soi où les interprètes constituent en quelque sorte leur propre public. Cette délicieuse Sérénade d’hiver (1868), sur des paroles de Henri Cazalis (inspirateur de la fameuse Danse macabre) est incarnée par un quatuor de galants qui ont en leur cœur « les dames et la poésie ». Ouvert sur la première version (1898), méconnue, d’Yver, vous n’estes qu’un villain, de Claude Debussy, qui trouvera sa version définitive dix ans plus tard dans les Trois Chansons de Charles d’Orléans, le programme se poursuit par une autre rareté, le « Choeur des frileuses », extrait de l’opéra Kassya (d’après Sacher-Masoch), laissé inachevé à la mort de Léo Delibes, en 1891, terminé et orchestré par Jules Massenet en 1893. La musique fait doucement tinter le souvenir du « Choeur des Gamins » de Carmen (1875) de Bizet.
À quoi s’ajoute, en conclusion, l’une des chansons de Noël les plus connues du grand public, Petit papa noël, dont la musique est signée Henri Martinet, pianiste d’hôtel et compositeur de quelques opérettes marseillaises. Ce qu’on sait peu, c’est que la version popularisée par Tino Rossi, qui la chante pour la première fois dans le film Destins (1946), de Richard Pottier, est une manière de contrafacture d’une mouture antérieure. Le texte, à l’origine écrit par Émile Audiffred, pour Ça reviendra (1944), une revue (vite censurée) donnée à l’Odéon de Marseille, fait référence au conflit franco-allemand et fait dire l’enfant au Père Noël à propos de son père prisonnier de guerre : « Et pour que Maman ne soit plus si triste, fais revenir mon Papa. » Réécrites pour le film, les paroles aujourd’hui connues sont celles de Raymond Vincy. Afin de désucrer ce « tube », Pierre Jeannot a renoncé à ce texte lénifiant et arrangé la chanson sur le mode de la close harmony, qui se referme de manière chatoyante et sensuelle sur ses voix supérieures. Assurément, la friandise sonore de cette hotte de noël.

Renaud Machart, juillet 2022

Les compositeurs

Patrick Burgan Compositeur

Né en 1960, Patrick Burgan est agrégé de musicologie et titulaire des premiers prix d’orchestration et de composition du CNSM de Paris. Plusieurs fois lauréat de l’Institut, il a été pensionnaire de la Casa de Velasquez à Madrid de 1992 à 1994, et s’est vu attribuer en novembre 1996 le prix de la Fondation “Simone et Cino del Duca” et de l’Académie des Beaux-Arts.
En outre, il est maître de conférences associé à l’université de Toulouse (1998). 
Dans son catalogue, qui compte de nombreuses pièces instrumentales allant jusqu’au grand orchestre, on peut noter une prédilection de plus en plus grande pour l’écriture vocale.

Claire-Mélanie Sinnhuber Compositrice de Temps de neige

Claire-Mélanie Sinnhuber est née en 1973 à Strasbourg. Après une formation en flûte traversière, elle est diplômée du Conservatoire de Paris et suit le cursus annuel de composition et de nouvelles technologies de l’IRCAM. Parmi ses mentors, on compte Sergio Ortega, Allain Gaussin, Ivan Fedele, Philippe Leroux et Frédéric Durieux. Détentrice de nombreux prix, elle a été lauréate de la Villa Kujoyama en 2008 et pensionnaire de la Villa Médicis de 2010 à 2011. Après avoir beaucoup écrit pour ensemble instrumental, Claire-Mélanie Sinnhuber commence à composer pour la voix en 2013. En résidence au sein des Éléments en 2021, "Temps de neige" est sa première création pour le chœur de chambre.

Dans la presse

La clarté des lignes, la précision de chaque pupitre, une diction soignée et une projection maîtrisée pour une parfaite homogénéité d’ensemble, démontrent l’exigence des Éléments comme leur complicité qu’ils n’hésitent pas à partager avec le public en terminant la soirée en salle plutôt que sur scène »

Charlotte Saulneron, Res Musica

Flatté par l’acoustique de l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, le chœur de chambre toulousain détaille et sculpte le mot avec un soin remarquable. 

Benoît Fauchet, Diapason

Homogénéité des voix, clarté de la prosodie, sens des dynamiques et jeux de couleurs… L’expertise du chœur de chambre Les Éléments de Joël Suhubiette, en matière de musique a cappella, n’est plus à démontrer. 

Le Figaro

Pour les amoureux de musique vocale. Les Éléments, c'est du solide !

Classique mais pas has been

Ce délicieux album multilingue, construit avec soin par le chef Joël Suhubiette, et interprété avec le juste mélange de joie, de ferveur mais aussi de mélancolie par son chœur de chambre Les Éléments

4 T Télérama

Les Quatre motets pour le temps de Noël de Poulenc sont un écrin de recueillement, qui illuminent un disque traversé de douceur.

 

Victorine de Oliveira, La Vie

Un coro que gana en el conjunto, por su sentido del gusto y buen fraseo, y por el eclecticismo de stilos que exhibe: del Renacimiento francés, a encargos de este mismo año. (…) El « ensemble » de Toulouse mostro un excelente potencial para la música contemporánea más vanguardista. Fue un concierto muy original dentro del ciclo. Y muy aplaudido.

MIRARTE - 28 décembre 23