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MÉDITERRANÉE SACRÉE

Polyphonies anciennes et modernes en hébreu, latin, grec ancien, arabe et araméen

A cappella

18 chanteurs

1h15

Direction Joël Suhubiette
Chœur de chambre Les Éléments
Programme soutenu par : la SPEDIDAM et la Maison de la Musique Contemporaine

Fondation Bettencourt Schueller

Un programme entièrement dédié à la Méditerranée, chanté en cinq langues (hébreu, arabe, syriaque, latin et grec ancien) et parcourant huit siècles de musique sacrée. Au-delà des cultures et des religions, le répertoire offre un voyage musical intime, de monodies en polyphonies, le long des rivages et des imaginaires méditerranéens.

programme

Compositeurs

Oeuvres

* Commande du Chœur de chambre Les éléments
** Commande de Radio France
*** Commande de la Maison de la Musique Contemporaine (ex Musique Nouvelle en Liberté)

Note d’intention 

Avec le Chœur de chambre Les éléments, je suis tout particulièrement attentif à défendre le répertoire a cappella. Depuis des années, nous avons interprété de nombreux programmes où se côtoient musiques anciennes et contemporaines. Autour d’une thématique conceptuelle ou géographique, ils permettent d’allier grand répertoire et découvertes et d’être l’occasion de commander des œuvres à des compositeurs d’aujourd’hui.

Choisir le thème du sacré autour de la Méditerranée nous emmenait à voyager dans différentes cultures et dans le temps. L’idée de départ s’est vite concrétisée dans la volonté de faire entendre des œuvres chantées dans des langues anciennes du bassin méditerranéen. 

J’ai donc choisi des œuvres du répertoire ancien de notre civilisation chrétienne. Les Répons des Ténèbres de Gesualdo, les œuvres de Victoria, le Crucifixus de Lotti se sont imposés rapidement parmi les chefs d’œuvres de la polyphonie de la Renaissance ou du début de l’époque baroque. Les œuvres en hébreu de Salomone Rossi, contemporain de Monteverdi à Mantoue, écrites pour introduire la polyphonie à la synagogue, ont trouvé naturellement leur place dans ce corpus.

Pour le grec ancien, l’araméen et l’arabe, il me paraissait évident qu’il fallait faire appel à des compositeurs contemporains. Le compositeur grec Alexandros Markeas a choisi d’écrire une pièce à 16 voix solistes, hommage théâtral à l’antiquité grecque sur des textes des Bacchantes d’Euripide. Le libanais Zad Moultaka a proposé Lama Sabaqtani, fresque d’une grande expressivité, également à 16 voix solistes, sur le texte des sept dernières paroles du Christ en syriaque, langue écrite la plus proche de l’araméen. Pour le grec ancien, il a mis en musique pour voix de femme le Psaume 137 Then Thèlo et pour la langue arabe, il a composé Mèn èntè, pour voix d’homme sur un poème mystique de Husayn Mansour Hallâj. Avec cette pièce, Zad Moultaka répondait à sa façon à l’exigence de pouvoir faire entendre la monodie dans ce parcours méditerranéen. On la retrouve dans certains des versets du Kaddish de Rossi et, traitée en canon, dans le O Virgo Splendes du Llibre vermell de Montserrat, la pièce musicale la plus ancienne du programme.

Donné plus de cinquante fois en concert, enregistré en disque ainsi que par la radio et la télévision, ce programme est devenu un des programmes phares de l’ensemble, repris régulièrement en France et tourné en Espagne, au Portugal, aux USA, au Canada, en Tunisie et au Liban. Il n’a cessé d’évoluer, se ciselant au fil du temps pour atteindre son point d’équilibre et de maturité.

 

Joël Suhubiette

Préface disque

Peut-on entendre le murmure de l’invisible ? J’ai longtemps cherché à deviner cette musique secrète sur les rives de Lérins. De cette petite île où fut fondé jadis, par Honorat, le plus ancien monastère de Provence, monte un hymne profond dédié au silence de la prière et au mouvement des vagues. Le ressac ici s’apprivoise et permet de discerner, au loin, un autre temps de l’écoute. Un temps du retrait, parmi le fracas du monde et les sortilèges de l’éphémère. Là se dessine une forme d’arrière-pays qui nous recentre vers l’essentiel.

Dans ce lieu, la Méditerranée sacrée n’est pas un leurre. Elle se révèle et s’affirme dans l’intensité de sa présence. Ici, le profane n’a pas pris et ne prendra pas le dessus, il est tenu au loin, sur la côte qui vit de ses largesses.

Ici, se maintient bien haut l’incandescence du mystère. Ici, se remémore l’appel venu du plus lointain des âges. Ici, chacun peut prendre la mesure du sacré.

Thierry Fabre

Lérins en est comme la métaphore et ce disque est une de ses trop rares incarnations…

La Méditerranée est faite de récits, de mythes et de légendes, dont l’Odyssée est sans doute une des premières sources. Mais elle est faite, aussi, d’une étoffe qui se tisse chaque jour à l’appel de la foi. En hébreu, en arabe, en grec ancien, en syriaque, ou en latin…Invocations répétées qui, dans ce monde, ne se retrouvent pas face à un ciel vide. Le mystère demeure inexpliqué. L’invisible ne s’est pas évanoui, absorbé par le tangible. Face à un monde saturé, qui se consume et se consomme, il reste des voix qui font entendre un autre écho.

Ce programme en est le témoignage vivant. Il faut se laisser porter par un tel souffle, s’abandonner à la diversité sacrée des langues qu’il habite et se rendre enfin disponible pour entendre à nouveau le murmure de l’invisible…

L’alliage de l’ancien et du contemporain qui nous est donné dans ces enregistrements traverse le temps. C’est un « héritage qui n’est précédé d’aucun testament », un legs qui nous parvient et qui n’est pas aboli, vivantes épiphanies dont nous sommes trop souvent orphelins. Le film, « Des hommes et des dieux, nous a rappelé, en images, l’histoire des moines de Tibhérine. Leur fidèle présence, leurs tourments et leurs peurs face à l’obscurantisme, leur écoute et leur don. 

Ce programme Méditerranée sacrée nous fait partager, en musique, une expérience comparable. La subtilité de la matière sonore ici assemblée invite au recueillement, à une forme de dénuement, et une fois la tristesse du monde surmontée, à l’expérience intime de la joie.

 

* Thierry Fabre, écrivain, essayiste, fondateur des rencontres d’Averroès et de la revue La pensée de midi, responsable de la programmation des manifestations culturelles du MuCEM

Discographie

L’Empreinte digitale

Méditerranée sacrée

Distribution :
Chœur de chambre les Éléments
Direction : Joël Suhubiette 

Compositeurs : Carlo Gesualdo,  Giacinto Scelsi, Tomás Luis de Victoria, Zad Moultaka, Salomone Rossi, Alexandros Markeas, Antonio Lotti,

Dans la presse

Cet album osé du chœur de chambre Les Éléments qui fait dialoguer ces belles ‘photographies’ du sud de l’Europe, prises à quatre siècles d’intervalle.

La Vie, Thierry Hilleriteau

Très beau concert, qui fait un disque de grande qualité (…) la cohésion des chanteurs, l’homogénéité et la beauté du son, la perfection de l’intonation dans des partitions parfois difficiles. Cela au service d’un grand raffinement interprétatif, car Joël Suhubiette n’est pas homme à laisser un détail dans l’ombre.

Classiqueinfo.com, Laurent Marty

celui-ci vogue avec beaucoup de naturel entre les langues et les époques, porté par l’engagement, la conscience stylistique, la plasticité du chœur et de son chef. 

Diapason, Benoit Fauchet

Les compositeurs

Alexandros Markeas Compositeur et pianiste

Alexandros Markeas est compositeur et pianiste. Il a étudié au Conservatoire National de Grèce et au Conservatoire National Supérieur de Paris (il y enseigne actuellement l'improvisation). Il s'intéresse aux langages des musiques traditionnelles et privilégie les rencontres avec des musiciens improvisateurs de cultures différentes. Il s’inspire également de différents domaines d'expression artistique, tels que sont l'architecture, le théâtre, et les arts plastiques (installations, vidéo) pour chercher des alternatives au concert traditionnel et créer des situations d’écoute musicale particulières. Ses musiques sont marquées par un esprit théâtral et par l'utilisation des techniques multimédia.

Zad Moultaka Compositeur

Issu du monde du théâtre contemporain, Zad Moultaka est compositeur et artiste plasticien. Il commence le piano et la peinture à l’âge de cinq ans, quitte le Liban pour Paris en 1984. En 1989, il remporte le Premier Prix du Conservatoire National Supérieur de Paris. En 1993, il abandonne sa carrière internationale d’interprète pour se consacrer à la composition et aux arts plastiques. 
Il poursuit une carrière réussie dans les arts visuels à travers les médias incluant installation, peinture, photographie et vidéo. Son travail a été exposé dans le monde entier, notamment récemment à : Cromwell Place, Londres ; la réouverture du Musée Sursock, Beyrouth ; Domaine de Kerguéhennec, Bignan ; Galerie Tanit, Munich; Galerie Aedaen, Strasbourg ; Galerie Totah, New York; Dôme Oscar Niemeyer, Tripoli ; Centre Pompidou Metz ; le pavillon libanais à la 57ème Biennale d’art de Venise ; Suomennlina, Finlande; Nuit Blanche, Paris; Galerie Janine Rubeiz, Beyrouth et Art Dubaï. En 2021, Moultaka est sélectionné par la Maison Louis Vuitton pour concevoir une malle à l’occasion des 200 ans de son fondateur. Beaucoup de ses œuvres ont été acquises par des collectionneurs privés et des institutions, telles que la Fondation Boghossian, Belgique ; FFA Private Bank, Liban; Jean Garcin Fontaine de Vaucluse, Musée d’Histoire, France ; Arsenal de Metz, France; Institut du Monde Arabe (IMA), France. 
Formé à la discipline de l’écriture musicale occidentale mais lié naturellement à ses racines méditerranéennes, Zad Moultaka crée son propre langage musical. Remarquée par György Kurtág, sa rencontre avec le compositeur fut déterminante dans l’énoncé d’une écriture progressive originale et atypique. Ses œuvres sont interprétées et appréciées dans le monde entier ; il reçoit le Prix SACEM, Claude Larrieu 2007 et le Prix de la Critique, meilleure création musicale en 2017, pour son œuvre UM moteur souverain de toutes choses. 
Plusieurs opéras à son actif: Hercule, dernier acte, Festival Berlioz; Hémon, Opéra national du Rhin, Strasbourg; L’Orangeraie, Compagnie Lyrique de Création Chants Libres, Montréal; Delirio, Deutsche Oper Berlin ainsi que des commissions musicales pour Musicatreize, Marseille; Ensemble Modern, Frankfurt; Sveriges Radios Symfoniorchester, Stockholm; Concertgebau Amsterdam…