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Cielo Arterial

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En 2015, Les éléments créent un programme, Iberia, dédié aux compositeurs anciens et contemporains de la péninsule ibérique de l’Espagne au Portugal. Joël Suhubiette invite Iván Solano, compositeur espagnol et Catherine Peillon, poète et photographe, amie fidèle de l’ensemble, à collaborer pour cette nouvelle création.

écrire dans une langue étrangère, c’est se mettre sous hypnose.

Catherine Peillon

Naît alors Cielo Arterial d’Iván Solano sur le poème María de Catherine Peillon (voir à la fin de l’article), œuvre architecturale pour 18 chanteurs solistes sollicités dans tout l’ambitus de leur tessiture. 

Ecrit dans une langue « étrangère » à l’auteure, le poème chante notre condition d’exilés au monde. 
Sa première phrase  « Hemos perdido la noche » (nous avons perdu la nuit) donne le ton : recherche du sacré, inséparable de la peur (de  la nuit) et du désir (retrouver le ciel et l’erre des étoiles).

Cielo Arterial 
Ce titre s’est imposé à Iván Solano suite à l’écriture d’un court texte dont voici la version originale espagnole et sa traduction.

Las nubes se van alejando al son....
de ese cielo arterial 
que enrojece el aire 
que respira semillas de agua...
noches de trasnochar vivo...
como si el tiempo fuese miel...
y la musica luz...
energía, entraña...

Les nuages s’éloignent 
au son de ce ciel artériel 
qui rougit l’air 
qui respire des grains d’eau... 
nuits d’éveil vif... 
comme si le temps était miel... 
et la musique lumière... 
énergie, entrailles... 

Bonne découverte ou redécouverte musicale dans l’interprétation visuelle de Catherine Peillon !

Cielo Arterial / Iván Solano

Cielo Arterial / Iván Solano

Vient alors la création mondiale, objet de la commande de l’ensemble les éléments, de la pièce intitulée Cielo Arterial, écrite sur un texte espagnol de Catherine Peillon par le compositeur espagnol Ivàn Solano (né en 1973), présent au concert. Si le langage musical appartient indéniablement à notre temps, l’esprit n’opère aucune rupture absolue avec ce qui précède. Si les sons glissando marquent notre époque, l’auditeur découvre ici une surprenante inclusion lyrique et comme une citation musicale que ne renierait pas Tomas Luis de Victoria. Deux voix solistes se détachent de l’ensemble, celle de la soprano Julia Wischniewski, toujours aussi idéalement timbrée sur un incroyable ambitus, et le solide timbre de basse de Christophe Sam.

Serge Chauzy - Classic Toulouse (mai 2015)

POUR ALLER PLUS LOIN…

 

La partition est consultable en version papier 
dans les bureaux des éléments à Toulouse, 15 rue de la Pleau (métro Carmes).

Un panel de ressources complémentaires est à retrouver sur le Cen, 
Centre de ressources pour l’art choral : 

BIOGRAPHIE
Ivàn Solano Compositeur de Cielo Arterial

 Iván Solano est clarinettiste, compositeur et chercheur. Il a étudié la clarinette puis la composition et la recherche à Madrid, Budapest, Paris, Strasbourg et Rome auprès de B. Kovacs, F. Rados, Gy. Kurtág, J.M. López López, A. Sedes, H. Vaggione, C. Groult et I. Fedele. Il réalise maintenant sa thèse de Doctorat sous la direction de Márta Grábocz à l’Université de Strasbourg. Il mène deux carrières parallèles, de compositeur et d’interprète. Pour lui, écriture et interprétation s’interpénètrent en un aller-retour incessant, jeu(x) entre moi et l’autre. Il collabore notamment avec G. Pesson, A. Posadas, H. Parra, H. Dufourt, J.M. López López, L. Guénin.

Son catalogue de musique «écrite» de plus de 40 pièces s’étoffe au fil des rencontres avec des ensembles et des interprètes de tous horizons, du Choeur de chambre Les Éléments au Quatuor Béla, en passant par l’Ensemble C-Barré, Musicatreize, Voix de Stras’, Anja Linder, Duo Dela, Emmanuel Olivier, Quatuor Girard, Kevin Seddiki et l’Orchestre Lyrique d’Avignon, entre autres. Le Prix SACEM de la partition pédagogique le récompense en 2010 pour son travail de transmission de connaissances aux enfants. Cette transmission, ainsi que l’abolition de la frontière compositeur/interprète/ auditeur, peuvent être considérées comme ses leitmotivs. Sa musique navigue entre les styles et les supports, depuis l’installation et la musique électroacoustique, jusqu’à la musique pour le théâtre en passant par la vidéo, l’espace sonore, le sound-design, la musique écrite pour toutes formations, mais aussi l’improvisation. Passionné de son, de musique, de science, de littérature, de photographie et d’autres cultures, il parle et écrit couramment plus d’une demi-douzaine de langues.

« María » Le poème original de Catherine Peillon

Hemos perdido la noche

en los albores de nuestro exilio

Hemos perdido el miedo y el silencio

Cae la tumba

nuestros cuerpos en el vacío

sin amanecer 

Niñas de sangre y tierra

flores de sudor perfumadas sobre la piel viudas

de cenizas y lágrimas

habéis ligado nuestros sueños

Un puente colgante sobre el istmo

Ha impulsado encima el vacío

tan próximo

tan infranqueable

El cielo que se curva

bajo el peso de la noche

pájaros pesados

Al cielo el cielo

asciende el humo

cielo recto

trastorno

embriagado

partido como un pan

Un puente encima del cielo

abre la posibilidad de una aparición

El cielo que se curva bajo el pecho de la noche,

pájaros pesados

Al cielo el cielo
 

Nous avons perdu la nuit

À l’aube de notre exil

Nous avons perdu la peur

et le silence

Tombent chutent
nos corps dans le vide

absence de matin

Filles de terre et de sang

fleurs de sueur odorante

sur la peau

veuves de cendres et de pleurs

vous avez lié nos songes

Un pont au-dessus de l’isthme

lancé au-dessus du vide

si proche,

infranchissable

lointain

Au ciel qui s’évase
sous le poids de la nuit
de lourds oiseaux
Au ciel le ciel

La fumée qui gravit rectiligne le ciel
le trouble  le grise
le rompt (comme un pain)

Un pont à travers le ciel
possibilité d’une apparitionAu ciel qui s’évase
sous le poids de la nuit
de lourds oiseaux
Au ciel le ciel 

ta peau
bleutée
riant visage
Tu portes
cette toute petite chose
cette chose immense

Et toi
Sans autre lumière
Si belle dans toute cette violence
ce chaos
tu émerges
tu surgis
source de nos soifs
et nos désirs
les plus secrets

Le ciel qui t’avait envoyée
t’a reprise
dans ses rets de nuages
tu as disparu
sans ostentation
sans prendre garde
à ton ascension


Ce projet est porté par Les éléments – Centre d’Art Vocal d’Occitanie grâce au soutien du Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles Occitanie, de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, du Conseil Départemental de la Haute-Garonne, de la Ville de Toulouse, de la Maison de la Musique Contemporaine, de la SACEM et de la Fondation Bettencourt Schueller.

En collaboration avec le Cen, Centre de ressources dédié à l’art choral, ce projet a pour objectif de valoriser la ressource créée par l’ensemble et de la transmettre auprès d’un large public.

Merci à nos partenaires de diffusion qui permettent de relayer cette initiative auprès du plus grand nombre : 
Futurs Composés, ARPA Mission Voix Occitanie, IFAC, Musique en territoires, Culture 31 et Ramdam.